Le ciel est sombre et glacé, les montagnes de Lunatémis autour de moi font rugir le vent du Nord alors que le froid pénètre mes os et si la neige ne semble pas décidée à tomber, le soleil ne s’aventure que difficilement entre les nuages opaques. Cela fait longtemps que je ne suis pas venu ici, mais j’avoue que malgré le temps hostile, je ressens une forme de paix intérieure à voir des paysages que ni moi ni mes confrères n’avons visité depuis un certain temps. Ainsi, de mon regard, je rappelle aux autres à quel point la nature sauvage de cette île peut être fascinante et menaçante. Mais mon regard se pose sur une pierre. Une pierre étrange. Parfaitement cubique. Elle n’a rien à faire ici. Elle tranche bien trop avec le paysage pour y être arrivée naturellement, et aucun de mes confrères ne semble avoir le souvenir de l’avoir vue ici à l’époque où certains vivaient en ces terres isolées. La curiosité me poussant, j’avance doucement, regardant prudemment les alentours, sentant que quelque chose est sur le point de se passer… Quelque chose qui pourrait contribuer à changer l’idée que l’on se fait de notre monde… Quel est ce sentiment ? D’où vient il ? Peut-être est-ce l’aura de cette pierre… J’avance encore, et pose doucement la main sur la pierre. Le sol tremble ! Que se passe-t-il ?! Personne ne le sait. J’ai peur. Mais je prends mon courage à deux mains et je continue d’observer. La pierre devant moi se soulève, et avec elle un énorme bâtiment. Qu’est-ce donc que cela ? Qui est l’auteur de cette magie ? Une porte se dresse devant moi, maintenant. C’est gigantesque. Je regarde autour de moi alors que je pénètre à l’intérieur de l’édifice. Des torches s’allument au fil de mes pas, alors qu’une vieille odeur de cendre atteint mes narines. La lumière se fait lentement, révélant d’immenses colonnes. Ce style antique me rappelle celui d’Ouraga, avec ces peintures en vue de profil et ces colonnes de d’argile de sable. Enfin, j’atteins une nouvelle porte, fermée, cette fois. Elle semble être faite en bois, et d’après les autres, il s’agit de bois de cèdre, du cèdre qui semble avoir plusieurs centaines d’années, peut-être même des milliers. Je m’apprête à la pousser, mais elle s’ouvre d’elle même une fois ma main à proximité. Un énorme courant d’air éteint toutes les torches, et alors que l’une de celles de la salle suivante commence à luire, que je fais quelques pas en avant et découvre ce qui se trouve autour de moi, je me rends compte que les murs sont entièrement recouverts de parchemins, de manuscrits datant d’avant ma naissance, de plusieurs millénaires, peut-être ! C’est incroyable ! Il y a plus d’écrits ici que je n’en ai vu durant toute ma vie, et même que tout ce que les Tengus ont pu voir depuis aussi loin que leur mémoire est transmise ! Tout autour de moi n’est que savoir, légendes, histoires, horreurs et merveilles. Ensemble, nous savons ce que c’est. Nous le comprenons enfin. Transmettez la nouvelle, confrères Tengus ! Que chacun dans les Merveilles apprenne que l’on a trouvé un monument d’un autre monde, du royaume de la Reine de Coeur, la plus grande source de savoir que les mondes aient connus. Nous avons trouvé la Grande Bibliothèque d’Alexandrie.